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Cette histoire-là est parfaitement sucrée, sensible et terriblement à fleur de peau. C'est une histoire de " sucre, mélangé à du citron et de l'eau que l'on fait bouillir jusqu'à ce qu'il devienne du caramel." Cette pâte étalée sur du marbre froid sert à épiler. Mais aussi une histoire de sucré-salé, qui peut faire mal.

Caramel c'est une couleur, une odeur et un goût. C'est aussi toute la vie d'un pays qui se lit entre les lignes.


C'est un monde de femmes qui se croise dans le salon de beauté, lieu central de l'action : lieu intime, où chacune se met à nue, où l'on aborde les sujets qui ne peuvent pas être abordés à l'extérieur : l'amour, le mariage, la religion, le sexe, la vieillesse.

Layale est chrétienne. Elle est partagée entre traditions, famille, religion et son rôle interdit de maîtresse. Nisrine est musulmane et va se marier, mais elle n'est plus vierge : doit-elle lui dire ou se faire opérer - comme de nombreuses filles libanaises dans cette situation ? Rima est plus introvertie. Elle se cherche encore et découvre qu'elle est attirée par les femmes - rappelons que l'homosexualité n'existe pas au Liban. Jamale est l'amie de toutes mais on ne connait pas bien son âge. Elle cache par de nombreuses ruses qu'elle est ménopausée et qu'elle refuse de vieillir. Rose, 65 ans et chrétienne, vit à côté du salon. Elle a sacrifiée toute sa vie pour sa soeur Lili un peu folle et refuse même le charme de Charles, par peur, par sacrifice encore. Et il y a Lili donc. la grande soeur de Rose. Un peu folle, elle est en quête de papier et de tout ce qui ressemble à du papier car tous ces papiers sont d'après elle les lettres de son amoureux. Enfin, cette cliente, sans nom, mystérieuse et qui est silencieusement attirée par Rima. Elle semble incarner un idéal féminin, qui se plie aux traditions et au mythe des cheveux longs.

Et les hommes dans tout ça ? Il y a un qui est sans visage parce que "c'est volontaire car le modèle du mari qui a une maîtresse existe dans tous les pays du monde". Et il y en a d'autres qui sont émouvants, sympathiques, attendrissants et romantiques. "Les hommes sont, en fait, comme j'aimerais qu'ils soient.'

Ce ne sont pas uniquement des portraits qui sont à découvrir mais aussi tous les sujets d'un Liban détruit par la guerre. Le film a été tourné en 2006 juste avant celle de juillet. Alors ce salon de beauté, au milieu de cette rue que l'on imagine détruite, est un refuge, un lieu de solidarité féminine. C'est un film qui aborde toutes les contradictions d'un pays partagé : tradition et modernité, homme et femme, chrétiens et musulmans, sagesse et sensualité. Les artifices de l'apparence sont omniprésents dans ce Liban qui se cherche.

Alors mesurons tout de suite une chose, Caramel n'est pas le "Vénus Beauté libanais" comme on a pu le lire. Ici c'est tout un pays qui sort de l'intérieur de ses personnages, loin des productions à but commercial. C'est là que l'on peut trouver certains films à succès populaire bien bien petit, bien bien trop commercial et bien bien loin de certains sujets. Mais il faut de tout pour faire un monde paraît-il !

Caramel est un petit Liban, qui cherche ses repères, qui veut s'affirmer, qui veut aimer et qui a ses femmes très proches de nous. Sensibles, amoureuses et secrètes. Ces femmes, à différents âges, sont exceptionnelles. Caramel est un petit Liban mais aussi est un immense lieu où les sentiments se croquent, se décolorent, et se shampouinent.

Sublimissime dans le rôle de Layale, Nadine Labaki nous propose Caramel, un grand film, pour l'histoire d'un grand Liban.

Je vous invite à cliquer sur la photo pour visiter un peu de ce monde caramélisé mais encore plus à le voir. Je peux préter le dvd bien entendu !

Tag(s) : #Ciné à partager
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